Incroyable Ascot

Il n'y a pas de mots pour expliquer ce que c'est que d'être à Ascot. Quelqu’un m’a dit : « Si tu devais amener quelqu’un de nouveau aux courses de chevaux, c’est ici que tu l’amènerais. »

Semblable à celle d'assister au Masters, au Super Bowl ou à Wimbledon, l'atmosphère à Ascot est tout simplement emblématique. Bien que plus connu pour Royal Ascot en juin, le troisième hippodrome le plus ancien du monde propose de nombreuses autres courses de plat d'avril à octobre.

Le samedi 21 octobre avait lieu le QIPCO British Champions Day, la « finale de la saison britannique des courses de plat ». Notre course, les Queen Elizabeth II Stakes, est présentée comme la « Richest Mile Race in Europe ». Les chevaux courent en ligne droite sur 1 600 mètres pour une part de 1,1 million de livres sterling.

La journée était également spéciale puisque le célèbre jockey Frankie Dettori a participé à sa dernière course au Royaume-Uni, couronnée par une victoire dans les Champion Stakes. Le jockey italien est entré à plusieurs reprises dans l'histoire à Ascot, remportant sa première course de Groupe 1 à l'âge de 19 ans, complétant les « Magnificent Seven » en 1996 en chevauchant les sept vainqueurs du jour, et chevauchant un total de 81 vainqueurs de Royal Ascot. Un trophée a été dévoilé en son honneur par nul autre que la reine Camilla elle-même.

(Photo: Lucy North/PA)

C'était mon premier voyage à Ascot, et quelle façon d'entrer dans ce lieu sacré. Notre dernière course au Royaume-Uni n'a pas été aussi joyeuse... mais c'était notre arc de rédemption.

J'ai eu la chance d'avoir avec moi dans l'avion du samedi matin deux jockeys champions de France : Aurélien Lemaitre, celui qui porte nos couleurs ; et Mikael Barzalona, qui montait Facteur Cheval, un autre cheval français de notre course.

Nous n'avons pas engagé notre équipe vidéo française typique, j'étais donc le vidéaste de la journée. Après avoir déjeuné dans le salon des entraîneurs et des propriétaires, je suis allé capturer des images du terrain. Il était facile de se perdre dans les nombreux escaliers mécaniques, kiosques et zones de restauration – et je me suis aussi perdu dans le magasin ! Ensuite, avec notre manager de course Jose Luis, j'ai regardé Frankie Dettori remporter la première course de la journée, y compris la fameuse descente où Frankie sautait de son cheval.

Il était alors temps de trouver le gars le plus important de la journée : Big Rock. Je l'ai surpris avec son cavalier Ebbe (un apprenti de notre entraîneur Christopher Head) et le lad voyageur Valentin. Big Rock avait l'air vif et prêt à courir. Christopher est arrivé pour lui mettre le numéro et la selle tandis que les propriétaires du Yeguada Centurion, Leopoldo et Marilina, ainsi que notre ami Neil de Coolmore Stud, sont venus voir Big Rock faire sa dernière promenade avant d'entrer dans le Paddock.

Pendant que je filmais Big Rock in the Paddock, j'ai remarqué une personne spéciale à ma droite : la reine Camilla. Elle était dehors et regardait les scènes avec nous tous, ce qui ne faisait qu'ajouter au moment spécial.

Après qu'Aurélien soit monté à Big Rock, je suis monté au lodge Coolmore avec Leopoldo, Marilina et l'équipe pour assister à la course.

Beaucoup diraient que ce n’était pas le plus beau jour – l’atmosphère lumineuse était assombrie par une pluie incessante. Les nuages se sont dissipés un bref instant avant notre course, mais les averses ont repris peu de temps après. Même si la pluie n’était pas parfaite pour les humains, c’était le temps préféré de Big Rock, créant un sol meuble à son goût. Toute la semaine, j'ai plaisanté en disant que si je devais me sacrifier sous la pluie pour Big Rock, je le ferais – et le sacrifice en valait la peine.

La photo ci-dessous en dit long sur l’impressionnante course de Big Rock… c’était comme s’il courait sa propre course ! Il n'a jamais été deuxième, prenant la tête dès le départ. C’est une chose de parler d’une stratégie, mais c’en est une autre de la voir se concrétiser sous une forme éclatante.

Nous étions troisièmes favoris avant la course, précédés par Nashwa (fille de Frankel) en deuxième position et Paddington (fils de Siyouni) en première. Facteur Cheval, que nous avons rencontré dans le Prix du Moulin de Longchamp, termine deuxième avec 6 longueurs. Le favori britannique Paddington a terminé 9ème.

Les médias l'ont qualifié de "Devastater" (At The Races), "Absolutely Brilliant" (Sky Sports Racing), "Incredible" (Equidia), "Masterclass" (Thoroughbred Daily News) et ont qualifié Big Rock de "vainqueur dévastateur". (Racing Post Bloodstock). Notre jockey Aurélien l'a qualifié de "le plus beau jour de [sa] vie".

Les larmes coulaient partout – par moi-même, essayant de ne pas secouer l'appareil photo tout en capturant le moment gagnant ; par nos propriétaires et notre équipe, qui n'ont pas pu contenir leur exaltation ; et notamment par Aurélien et Ebbe, ce dernier se voyant récompensé du World Pool Moment pour sa réaction émue. J’ai été témoin du lien spécial qu’Ebbe et Big Rock ont formé à l’entraînement – digne de toutes les larmes.

Si j'ai trouvé l'ambiance après avoir remporté le Prix de Diane avec Blue Rose Cen incroyable, ce n'est rien comparé à la victoire à Ascot. Après tout, qu'est-ce qui pourrait être comparé à la remise des trophées par la Reine ?

Après trois deuxièmes places consécutives dans les courses de Groupe 1, Big Rock remporte enfin sa grande victoire. Je suis très fier de nos équipes Yeguada Centurion et Head Racing pour tout le travail qui a conduit à ce moment.

Il y a encore du travail à faire, car comme on le sait désormais, « il y a toujours une autre course ». Mais avec Big Rock, cette course mythique fera parler d'elle pendant des années encore.

S'il reste quelques projets passionnants pour cette année (débourrage des yearlings !), c'est la cerise sur le gâteau d'une saison incroyable, ma première dans le monde des courses hippiques. Big Rock offre à Yeguada Centurion sa quatrième victoire de Groupe 1 de l'année, après les trois victoires de Blue Rose Cen à la Poule d'Essai des Pouliches, au Prix de Diane et au Prix de l'Opéra.

Passons maintenant à toute vapeur à 2024 : l’année du Rocher et de la Rose (Big Rock et Blue Rose Cen).